Titre : Le Consulat de France à Alep au XVIIe siècle : Journal de Louis Gédoyn, Vie de François Picquet, Mémoires de Laurent d’Arvieux.
Auteurs : Hussein I. El-Mudarris & Olivier Salmon 
Préface par Ismet H. El-Mudarris
Editeur : Ray Publishing and Science
Publication : janvier 2009
Format : 17 x 24 cm, cartonnage, 512 pages avec illustrations  noir et blanc
Prix : 33,50 euros

Louis Gédoyn, François Picquet, Laurent d’Arvieux : ces trois consuls de France à Alep au XVIIe siècle ont fait l’objet d’une publication posthume, sous trois formes littéraires différentes : le Journal de négociation de Louis Gédoyn, La Vie de François Picquet et les Mémoires de Laurent d’Arvieux. Les historiens se délecteront de ces textes relativement rares qui offrent un témoignage remarquable sur Alep, non seulement sur son commerce et ses affaires consulaires que viennent éclairer des documents manuscrits publiés ici pour la première fois, mais aussi sur l’intense activité de conversion des missionnaires à l’égard des chrétiens des rites grec et syriaque. Cependant, l’intention est davantage de mettre en lumière la génétique de ces textes et les mécanismes de propagande aussi bien individuelle que religieuse qui les animent. Rassemblés dans un même recueil, les récits des séjours des trois consuls à Alep prennent une saveur particulière au regard l’un de l’autre et permettent de juger de la littérarité de chaque œuvre à partir du Journal officiel de Louis Gédoyn, de mettre à jour la propagande de l’Église catholique à travers l’hagiographie de François Picquet, et d’apprécier le style élégant de Laurent d’Arvieux.

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Les consuls de France à Alep

François Picquet

   Le premier consul français en Syrie qui reçut des lettres de provision du roi, fut Jean Rénier, nommé par François Ier le 15 mai 1548. Jean Rénier était installé à Tripoli de Syrie. Il est difficile de déterminer la date exacte de l’installation du consulat de France à Alep dans la mesure où les sources divergent (1560 ou 1562). Au début du XVIIe siècle, l’incapacité de plusieurs consuls détermina le roi à déclarer le consulat vacant et à accorder aux propriétaires deux mois pour liquider leur association. En 1623, Louis Gédoyn fut alors nommé consul. À son arrivée à Alep, il trouva une situation délicate : il devait faire face à l’hostilité de Pierre Viguier qui refusait de lui céder le consulat, au mécontentement des marchands forcés de payer les dettes de l’ambassadeur Césy, ainsi qu’à l’incertitude de conserver son poste très longtemps à cause du départ de son protecteur, Pierre Brulard vicomte de Puisieux, du secrétariat d’État aux affaires étrangères. Les nouvelles arrivant de France l’informaient des succès des démarches des anciens propriétaires du consulat, et en décembre 1624, il reçut la l’arrêt par lequel Pierre Viguier était rétabli dans sa charge. Louis Gédoyn quitta Alep le 26 mars 1625.

   François Picquet (1626-1685), originaire de Lyon, devint l’un des propriétaires du consulat en 1652 grâce au soutien de sa protectrice, la duchesse d’Aiguillon, sensible à sa piété. Le nouveau consul non seulement protégea activement les missionnaires, mais s’employa aussi à placer à la tête des syriaques un catholique, André Akhijân. En ce qui concerne les affaires consulaires, François Picquet trouva à son arrivée une situation difficile puisque son prédécesseur avait laissé de lourdes dettes. Décidé à entrer en religion, François Picquet reçut la tonsure des mains d’André le 10 décembre 1660, se trouva un successeur en la personne de François Baron, et retourna en Europe. Il reçut la prêtrise à Rome en 1664. En 1674, il fut nommé évêque de Babylone mais ne partit vers Bagdad qu’en 1679, en compagnie du consul nouvellement nommé à Alep : Laurent d’Arvieux.

   Né à Marseille, Laurent d’Arvieux (1635-1702), noble mais peu fortuné, fut obligé de se lancer dans le commerce du Levant après la mort de son père en 1650. Il s’initia au négoce et aux langues orientales à Smyrne de 1653 à 1658, puis partit s’établir à Saïda. Un an après son retour en France en 1665, il fut envoyé à Tunis aux côtés de l’émissaire royal chargé de négocier le rachat de prisonniers. A la suite d’une mission diplomatique à Constantinople en 1671, il est nommé en 1673 consul de France à Alger puis à Alep (1679-1685). Afin de remettre sur pied le commerce du Levant, Colbert tenta en effet d’exproprier les propriétaires du consulat d’Alep qui l’affermaient et choisit comme nouveau consul Laurent d’Arvieux. Son mandat fut marqué par la querelle entre les différentes congrégations religieuses pour l’usage de la chapelle consulaire, la tentative des Anglais de prendre sous leur protection la communauté néerlandaise à partir de 1683, ainsi que les démêlées avec son successeur, François Jullien qui alla jusqu’à l’emprisonner pour l’obliger à présenter ses comptes et payer ses dettes.