Cette collection rassemble divers écrits poétiques assez rares et difficilement accessibles, qui ont pour point commun un lien avec « l’Orient », lieu géographique car de nombreux auteurs ont vécu ou sont originaires du monde arabe, mais aussi topos culturel et imaginaire qui inspira de nombreux écrivains européens. Si les guillemets s’imposent, c’est que le mot consacré par l’usage constitue un raccourci erroné : le Maroc et l’Algérie ne sont pas situés à l’est de la France, et il est impossible d’établir une frontière culturelle entre des « Occident » et « Orient » fantasmés, division aussi dépourvue de sens que celle entre des soi-disant races.

   L’idée de collection suppose également un cloisonnement, forcément réducteur. Les écrivains sont parfois classés selon leur nationalité, vision moderne qui oublie que beaucoup d’auteurs ont vécu une partie de leur vie dans un – voire plusieurs – pays étrangers, ou selon leur religion, là encore identité bien restrictive. La collection « Diwan », au lieu d’adopter ces divisions peu porteuses de sens, veut au contraire mettre en avant ce qui rassemble : la langue française et son expression à travers la poésie.

   Cependant, la réédition des auteurs arabes francophones ne traduit en rien une quelconque nostalgie pour une puissance coloniale déchue, de même que celle des auteurs français ne vise pas à perpétuer les clichés orientalistes, qu’ils soient élogieux ou péjoratifs. Si elle est quelque peu oubliée, cette littérature « périphérique » n’en est pas pour autant mineure. Outre son intérêt historique, elle est avant tout lieu de convivialité : autour de ce dîwân, banquet de la poésie en langue française rassemblant femmes et hommes de différentes origines et religions, les lecteurs sont invités à faire circuler ces textes à la manière d’un narguilé, à se délecter à la table des mots et s’enivrer de Beauté.

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