Titre : Alep sous le consulat de Henri Guys (1838-1847)
Auteur : Henri Guys (1787-1878)
Editeurs scientifiques : Hussein I. El-Mudarris & Olivier Salmon 
Préface par Dr. Antoine Courban
Editeurs : Aleppo Art & Ray Publishing and Science
Publication : décembre 2009
Format : 17 x 24 cm, cartonnage, 351 pages, 51 illustrations  noir et blanc
Prix : 33,50 euros

Henri Guys (1787-1878) est consul à Alep de 1838 à 1847. Deux ouvrages naîtront de ce long séjour : Statistique du pachalik d’Alep et Un derviche algérien en Syrie. Si le premier se veut un tableau fidèle d’Alep et de sa région, le second se présente sous la forme originale d’une étude de mœurs écrite par un derviche algérien exilé en Syrie et dont le manuscrit aurait été confié à Henri Guys. Celui-ci se dissimule ainsi derrière la figure du célèbre émir Abd el-Kader pour régler ses comptes avec les Alépins, quelle que soit leur religion. Dans l’Esquisse de l’état politique et commercial de la Syrie que le consul de France publie par la suite, le peuple syrien est présenté comme « foncièrement bon, honnête et juste ; mais comme dans les autres pays aussi, il ne faut pas attenter à ses droits, le violenter, surtout le blesser dans ses principes religieux, ses mœurs, même ses préjugés ». Or c’est précisément ce à quoi s’attache Henri Guys par l’intermédiaire du derviche dont les anecdotes savoureuses cachent mal la violence verbale et les propos blessants, à l’opposé de l’esprit tolérant et humaniste du véritable émir Abd el-Kader. La réédition de ces textes, agrémentée d’une riche iconographie, n’offre pas seulement une source remarquable pour l’histoire d’Alep mais aussi un exemple intéressant de voyageur aveuglé par ses préjugés, exemple qu’il est bon de garder à l’esprit pour en éviter les travers…

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Qui était Henri Guys ?

Portrait de Henri Guys d’après une photographie
par le peintre Dr. Yasser Habrawi

 

   Henri Guys (plus exactement Henry‑Pierre-Marie‑François) est né à Marseille le 12 octobre 1787. Il suit son père Pierre-Alphonse dans ses différents postes de consul en Sardaigne, en Libye et en Syrie, ce qui lui permet de s’initier rapidement aux langues du bassin méditerranéen. Il devient secrétaire à la chancellerie du consulat de Tripoli de Syrie en 1805 et drogman en 1807. Son frère Charles l’appelle en 1812 pour gérer le vice‑consulat à Latakieh, ce qu’il fait du 29 septembre 1812 au 31 mai 1816. Après un court séjour en France, il est nommé le 1er janvier 1818 vice‑consul chancelier provisoire à Alger et confirmé officiellement à ce poste le 22 juillet 1821. Parallèlement à son rôle d’agent des concessions d’Afrique, il est chargé de plusieurs missions à Bône (aujourd’hui Annaba) et à Oran. Alors qu’il doit établir un vice‑consulat dans cette dernière ville, il apprend sa nomination le 11 octobre 1822 comme vice‑consul à Chio. Il arrive dans l’île le 23 janvier 1823 mais n’y fait qu’un bref séjour, le 6 octobre 1823 lui est confié le consulat de Saint‑Jean d’Acre. Cette nomination est finalement changée pour Beyrouth. Henri Guys occupe ce poste pendant près de treize ans, se réfugiant seulement à Antoura de novembre 1827 à juillet 1829 à la suite de la défaite de la flotte ottomane face aux puissances européennes à Navarin. Le 30 avril 1833, il est élevé au rang de chevalier de la Légion d’honneur, et le 1er décembre de la même année, promu consul de première classe. Henri Guys quitte Beyrouth le 30 novembre 1837. Il prend possession du consulat d’Alep le 2 juillet 1838 et le gère jusqu’au 11 avril 1847, date à laquelle il prend sa retraite. Décoré de la rosette d’officier de la Légion d’honneur le 19 avril 1847, il s’installe à Marseille et se consacre à ses travaux littéraires jusqu’à sa mort en 1878.

   C’est à travers les sociétés savantes dont il est membre, comme l’Institut d’Afrique, la Société orientale de Paris, la Société de statistique de Marseille ou encore l’Académie de Marseille, qu’il diffuse ses travaux, par des lectures ou par la publication d’articles dans les revues de ces sociétés, ce qui lui permet aussi de juger de la réception de ses écrits avant de les rassembler et de les publier dans des volumes plus conséquents. Outre des notices biographiques consacrées à ses aïeux, on peut distinguer dans la production littéraire de Henri Guys trois thèmes liés aux postes qu’il occupa : l’Algérie et les questions coloniales, le Liban et les druzes, Alep et les affaires commerciales. Cependant les préoccupations commerciales, religieuses et coloniales sont plutôt transversales et présentes dans l’ensemble de son œuvre.